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lundi, décembre 19 2011

Entre gauches et droites, Paris et Guadeloupe : polémiques autour du conflit italo-éthiopien (1935)

L'illustration, 19 octobre 1935Une certaine tradition orale parfois reprise à l'écrit voulait que, dans le quotidien parisien le Petit Bleu, Candace eût affirmé de Mussolini qu'il était un génie, qu'il était nécessaire qu'il allât civiliser les Éthiopiens et qu'il fallait craindre que la prolongation du conflit sous un soleil implacable ne fût préjudiciable à « une armée de race blanche ». Une fois imprimées et placées entre guillemets, de telles affirmations peuvent sembler authentiques à un lecteur pressé. Elles n'en sont pas moins apocryphes. Cet article d'environ 40000 mots remonte aux sources et explique que Candace exprime un avis de modéré (homme du centre-droit dans la France de la Troisième République), à la gauche de Laval. Le texte montre comment, de l'Action française, au Figaro et aux réunions électorales à Marie-Galante, la polémique s'inscrit entre gauches et droites, entre Paris et la Guadeloupe, dans une histoire connectée qui a des incidences sur la campagne électorale de Candace en Guadeloupe comme sur l'animosité des Guadeloupéens contre la colonie italienne locale.

Mots-clefs : Action française, Figaro, Mauriac, Candace, Italiens émigrés, Guadeloupe, Éthiopie, Mussolini, colonisation.

Dominique Chathuant, « Entre gauches et droites, entre Paris et Guadeloupe : polémiques autour du conflit italo-éthiopien (1935) », Bulletin de la Société d’histoire de la Guadeloupe, n° 160, sept.-déc. 2011, p. 40-56.

Société d'histoire de la Guadeloupe, shgarobacewanadoo.fr, SHG, BP 74, 97102 BASSE-TERRE, ISSN 0583-8266, chèque bancaire 15 €, frais de port : 5 €.

dimanche, juin 13 2010

Les élections législatives et sénatoriales outre-mer (1848-1981)

Couverture, Les élections outre-mer (1848-1981)

En 1910, Gratien Candace (1873-1953) se présente pour la première fois aux élections et tente, en vain, de ravir son siège à Gérault-Richard, député socialiste de la Guadeloupe. A la chute du ministère, Viviani le fait nommer à l’école Didasco de Creil, où il initie ses élèves, dont le jeune Doriot, à la geste coloniale. La longévité politique de Candace est marquée par des campagnes électorales controversées. On en note ici les traits de caractère les plus marquants en déterminant ce qui structure l’ensemble, tant au plan des systèmes d’alliances et des méthodes de campagne qu’à celui du contenu idéologique et des formes qu’il emprunte. Ces éléments permettent de tracer les grands traits voire d’établir un profil-type de la candidature Candace. La troisième partie aborde les batailles de 1938 et 1945 qui marquent la fin d’une longue carrière.

Mots-clefs : Troisième République, colonisation, citoyenneté, Félix Éboué, Vichy, élections, démocratie.

Dominique Chathuant, « Gratien Candace, ascension et déclin d’un candidat officiel (1910-1946) », in Jalabert (L.), Joly (B.), Weber (J.), (dir), Les élections législatives et sénatoriales outre-mer (1848-1981), Actes du colloque de l’université de Nantes, CRHIA, Les Indes savantes, 2010, p. 103-115.

Français de couleur contre métèques (1919-1939)

La Voix du peuple, 12 août 1939 Cet article d'environ 40000 signes est consacré à l'action des députés coloniaux en métropole, dans des affaires de discrimination raciale, alors que la France était dépourvue de législation antiraciste comparable à la loi Pleven de 1972 (actuel art. 225-2 du Code pénal). Anciens combattants noirs expulsés d'un bus touristique à destination des champs de bataille et ruines de Reims, refus de servir un client noir dans un établissement de Paris, les députés interviennent contre ces pratiques en construisant la notion de Français de couleur. Ils s'appuient parfois sur des arguments xénophobes en opposant leur identité française au caractère étranger de ceux qui sont accusés d'être à l'origine du préjugé de race : soldats puis touristes américains en 1919-1923, idéologie nazie en 1939.

Mots clefs : racisme, codes raciaux, législation antiraciste, France coloniale, post-colonial, Français de couleur, Troisième République, Américains en France.

Dominique Chathuant, « Français de couleur contre métèques : les députés coloniaux contre le préjugé racial (1919-1939) », Outre-mers, revue d’histoire (ex. RFHOM), T. 98, n°366-367, 1er sem. 2010, p. 239-253.

mardi, janvier 6 2009

Une élite politique noire dans la France du premier 20e siècle ?

Diagne par Sennep (1928) Alors que le fait colonial s'est largement appuyé sur le principe de l'infériorité du colonisé, on peut observer dans la France de la première partie du 20e siècle l'émergence d'élites politiques noires, en vertu d'un processus d'intégration entamé dès 1794. Conscientes de la fragilité de leur situation dans un monde menaçant, ces élites sont d'abord porteuses d'un discours assimilationniste pour qui la conscriptionconstitue la première étape vers une consolidation de la citoyenneté. Solidaires dans ces revendications,elles exaltent les valeurs universalistes et égalitaires d'une France idéalisée dont le modèle s'oppose à une réalité raciste qui ne peut être inspirée que de l'étranger. Hostiles au garveyisme et à tout repli racial, ces élites sont généralement mais pas systématiquement associées à une image de sauvagerie domestiquée.Leur antiracisme est soutenu par le pouvoir lorsque le contexte diplomatique le permet et quand cela sert l'impératif de cohésion nationale et impériale.


The emergence of Black political elites in France during the first half of the 20th century

Although colonization was widely based on the principle of inferiority of the colonized, the emergence of Black political elites can be observed in the beginning of the 20th century, after an integration processwhich started in 1794. Those elites, who were conscious of the weak foundations of their situation in a dangerous world, praised an assimilationist discourse in which conscription appeared as the first step on the way to a stronger citizenship. Showing solidarity in their grievances, they stirred the universalistic andegalitarian values of an idealized France, the pattern of which was opposed to racist realities that only foreigners could inspire. Those elites, who remained hostile to garveyism and any kind of racialwithdrawal, were generally associated with domesticated wilderness. Their antiracism was backed by the political power when the diplomatic situation permitted it and if that could promote national and imperial cohesiveness.

Mots clefs : Troisième République, colonialisme, nationalité, racisme, égalitarisme républicain.

Dominique Chathuant, « Une élite politique noire dans la France du premier 20e siècle?», Vingtième siècle. Revue d’Histoire, n°101, janvier-mars 2009, Presses de Sciences Po, p. 133-148.

[Commentaires sur Sciences humaines] [Blog de Jean Lebrun de France-Culture] [Justin Vaïsse dans] le Débat.

jeudi, avril 3 2008

Gratien Candace : un vestige de la Troisième République (1940-1953)

Pseudo-patriotes du CG (1940)Cette étude de 128 pages continue la précédente. On aborde entre autre la question du vote du 10-Juillet, la mesure des responsabilités prises (ou pas) à Vichy et les tentatives d'être élu après guerre malgré l'ordonnance d'avril 1944 qui dispose de l'inéligibilité des « oui » du 10-Juillet. Candace apparaît également comme un vieux républicain qui écrit à Pétain pour dénoncer la mesure d'interdiction du passage de la ligne de démarcation appliquée aux coloniaux. Étude mentionnée entre autre dans la Bibliographie annuelle d'histoire de France à Troisième République et Guadeloupe.

* Ma réponse sur le site de la revue Outremers au CR de Leo Elisabeth dans la revue Outremers publiée par la SFHOM - (09/12/2009) «J’ai été flatté que Léo Elizabeth me fasse l’honneur, dans le n°360-361, de chroniquer mon travail de 200 pages publié en deux parties par la Société d’histoire de la Guadeloupe en 2008 et consacré à Gratien Candace, député et ministre.

Je tiens cependant, et très courtoisement, à apporter une précision à propos de mon rapport à l’objet d’étude. Léo Elizabeth écrit en effet que je fais preuve à l’égard de Candace d’une « indéniable volonté de réhabilitation ». La remarque me paraît injuste tant cette pensée a toujours été à des années-lumières de ma façon de faire de l’histoire. Je crois fermement pour ma part m’être toujours efforcé de ne pas admettre les idées reçues en exerçant mon sens critique, constatant avec amusement que certains de mes écrits sur le clergé antillais, sur Candace ou sur Valentino, avaient ému des personnes de sensibilités philosophiques et politiques très différentes. A ce titre, je n’ai jamais tenu pour acquis les faits, fort peu documentés, que je lisais ça et là sur Gratien Candace, éternel condamné au pilori mémoriel sans même qu’on ait ouvert la moindre archive. Depuis que je fréquente ce personnage, je suis toujours resté fidèle au principe qu’il ne fallait ni m’attacher à l’homme ni le prendre en grippe sous peine de perdre toute faculté critique. En cela, j’ai appliqué le principe de Marc Bloch dans Apologie pour l’Histoire : « Robespierristes, anti-robespierristes, nous vous crions grâce : par pitié, dites-nous, simplement, quel fut Robespierre ». Au contraire de Pétain ou d’autres, je ne crois pas par ailleurs à une histoire qui juge. J’ai d’autant moins essayé de juger Candace que je suis né vingt ans après une guerre et un régime que je n’ai pas eu à subir ou affronter. Il s’agissait simplement d’exercer ma faculté critique et de résister à une vulgate mémorielle guadeloupéenne qui tenait les faits pour acquis sans poser aucune question et sans tenir compte des avancées de l’historiographie des trente dernières années sur Vichy. S’agissant de la question des prisonniers de guerre que je n’aurais pas évoquée, je réponds que c’est partiellement inexact dans la mesure où le terme prisonnier apparaît trois fois dans mon étude et parce qu’évoquer les prisonniers de guerre ne s’imposait pas dans cette étude de l’itinéraire vichyssois d’un parlementaire. Quant à l’embarras de la commission d’armistice sur la question du passage de la ligne de démarcation, je continue de penser, peut être à tort mais je l’assume, qu’elle n’a rien à voir avec la question des prisonniers coloniaux. Encore une fois, dois-je le répéter, Candace ne m’est pas sympathique. Il ne m’est pas davantage antipathique mais suscite ma curiosité de chercheur. Je ne crois pas qu’on puisse étudier un tel personnage avec un autre état d’esprit.»

Dominique Chathuant, « Gratien Candace : une figure de la vie politique française. 2ème partie : un vestige de la Troisième République (1940-1953) », Bulletin de la Société d’histoire de la Guadeloupe, avril 2008, n°149, p. 3-131.

Société d'histoire de la Guadeloupe, shgarobacewanadoo.fr, SHG, BP 74, 97102 BASSE-TERRE, ISSN 0583-8266, chèque bancaire 15 €, frais de port : 5 €.

mardi, février 18 2003

Gratien Candace : une figure de la vie politique française (première partie, 1900-1940)

Tricentenaire, 1935Souvent étudié dans une optique restreinte aux élections locales, Candace est abordé dans ces 75 pages sous l'angle d'un itinéraire qui le conduit des campagnes guadeloupéennes aux sommets de la République. On analyse également son positionnement dans le clivage gauche-droite, sa vision de l'économie et de la géopolitique ou son attitude devant le suffrage féminin.

« Gratien Candace : une figure de la vie politique française. 1ère partie : la Troisième République (1900-1940) », Bulletin de la Société d’histoire de la Guadeloupe, n°134, 2003, p. 27-102.

Société d'histoire de la Guadeloupe, shgarobacewanadoo.fr, SHG, BP 74, 97102 BASSE-TERRE, ISSN 0583-8266, chèque bancaire 15 €, frais de port : 5 €.

mardi, mars 6 2001

L’assimilationnisme comme culture politique

Etudes guadeloupéennes On décrit souvent l'assimilationnisme antillais ou guyanais comme la simple volonté politique de changer de statut en tendant à l'assimilation juridique. Cette vision se révèle excessivement réductrice. Dans une acception beaucoup plus large, le terme peut désigner un cadre de pensée, une structure mentale (au sens braudélien) de l'histoire antillaise en particulier et de celle des vieilles colonies en général. Pensé ainsi, l'assimilationnisme n'est plus une option ponctuelle mais bien la structure mentale ou la culture politique productrice du discours. Subjectivement, le postulat assimilationniste selon lequel la Guadeloupe est française est vécu, non comme un choix parmi les possibles, mais comme un fait indéniable, une évidence reconnue ou à faire reconnaître par les plus ignorants. Cette contribution d'environ 40000 signes a pour origine une communication au colloque du cinquantenaire de la départementalisation tenu à Fouillole (UAG) en 1996. Le volume final édité par Jasor et Études guadeloupéennes comporte 318 p. Depuis ce papier, qui avait été sollicité à la dernière minute à l'occasion d'un passage imprévue en Guadeloupe pour des raisons personnelles, cet objet d'histoire a été plus sérieusement étudié par l'historien de la Guyane Serge Mam-Lam Fouck qui remet ainsi l'article à sa juste place :

« Burton (La famille coloniale. La Martinique et la mère-patrie (1789-1992), 1993) ne parvient pas à dépasser l'aversion que suscite sous sa plume ce discours qu'il appelle « familialiste», ce qui lui ferme souvent le sens politique et la signification identitaire que les Martiniquais de ce temps-là ... ont donné à la revendication de l'intégration à la nation française ... Ne voit-il pas dans l'action menée en faveur de l'application de la loi sur le service militaire « un empressement qui peut sembler aberrant voire pathologique » ? Quant aux historiens ... ils ont pratiquement déserté le domaine. Jacques Dumont (Sport et assimilation à la Guadeloupe. Les enjeux du corps performant, de la colonie au département (1914-1965), L'Harmattan, 2002) a réalisé une remarquable mise en relation des pratiques sportives de la société guadeloupéenne et du climat politique et culturel du temps de la revendication et de la mise en œuvre de l'assimilation ... Mais c'est avant tout l'histoire du sport qui retient l'attention de l'historien. En dépit de sa brièveté, le travail de Dominique Chathuant ne manque pas d'intérêt. Dans une courte contribution, il approche la question de ce qu'il nomme l'assimilationnisme. Comme l'a bien vu Richard Burton, Dominique Chathuant convient également qu'il s'agit d'un phénomène politique de longue durée de l'histoire antillaise ... Mais le texte de Chathuant est trop rapide pour embrasser une question de cette nature, il le reconnaît volontiers en évoquant « l'étude, encore balbutiante, des décennies qui précèdent 1946». 

Serge Mam-Lam-Fouck dans l'introduction de son Histoire de l'assimilation : Des Vieilles colonies françaises aux DOM, Ibis Rouge, 2006, p. 21.

Mots-clefs : assimilation, départementalisation, Candace, Satineau, René-Boisneuf, Troisième République, Vichy, conscription, Grande guerre, colonisation, identité nationale.

Dominique Chathuant, « L’assimilationnisme », dans Cyril Serva (dir), Études guadeloupéennes. Hors-série : “les vérités difficiles”, Jazor, Pointe-à-Pitre, 2001, p. 111-122. ISBN - 2-912-594-13-8. Editions Jasor, 46 rue Schoelcher, 97110 Pointe-à-Pitre, editionsjasorarobacewanadoo.fr - 25 €.